Enfin ce projet de loi de finances (PLF) 2025. Pas la folie, pas la fin des haricots non plus. Surtout pas une surprise pour les acteurs immobiliers. Le tournant de la rigueur – pardon, de la « responsabilité » – est pris pour corriger le dérapage du déficit public, qui s’apparente davantage à une sortie de route.
Côté dépenses, on va rogner sur les aides écologiques : la subvention versée par l’État au travers de MaPrimeRénov’ est ramenée à 2,3 Mds€ en 2025, contre 4 Mds€ annoncés en 2024. Pour les spécialistes, cela revient à financer la rénovation d’ampleur de 70 000 logements contre les 200 000 objectivés.
Côté recettes, on continue de faire les poches des propriétaires. Cette fois, ce sont les loueurs en meublé que l’on rançonne en réintégrant les amortissements dans l’assiette de la plus-value imposable au moment de la cession. Un signal négatif de plus envoyé aux investisseurs immobiliers à l’heure où le marché locatif se grippe. D’autant que, sur cette classe d’actifs, l’on ne voit toujours pas se substituer aux particuliers des institutionnels.
Conformément à ce qu’avait annoncé le Premier ministre Michel Barnier, le PTZ sera bien étendu à l’ensemble du territoire pour les primo-accédants. En tout cas à en croire le dossier de presse de Bercy, car il n’est pas inscrit dans le PLF pour 2025. Si l’on y ajoute un budget maintenu à 17 Mds€ pour les aides personnalisées au logement (près des trois quarts du budget du ministère du Logement), la politique de stimulation de la demande est passée au travers des fourches caudines du ministère des Finances.
En revanche, pas de prolongation du Pinel, ni d’un an comme le réclamaient les promoteurs, ni de quelques mois comme circulait la rumeur. Pour espérer un choc d’offre (terme que l’on retrouve plus dans le vocabulaire du nouveau gouvernement), il faudra compter sur un desserrement du cadre réglementaire. Les sénateurs ont mis un premier coup de canif au ZAN, appelant à oublier l’objectif de diviser par deux le rythme d'artificialisation des sols d'ici 2031. D’aucuns espèrent le même esprit de procrastination pour les DPE.
Place désormais à la discussion parlementaire qui ne devrait pas être la foire d’empoigne dans le secteur immobilier. Les lobbystes devront habilement manœuvrer pour avancer des propositions sans incidence budgétaire afin de relancer une filière en panne. Une filière qui a ramené tant de recettes fiscales.