Le Comité des Champs-Élysées a remis à la Ville de Paris son étude pour « réenchanter » les Champs-Élysées afin d’inscrire la plus belle avenue du monde dans son temps.
« Au soleil, sous la pluie, à midi ou à minuit, il y a tout c’que vous voulez aux Champs-Élysées », chantait Joe Dassin en 1969. L’image des Champs-Élysées s’est brouillée depuis, la plus grande avenue du monde étant boudée par les Parisiens. « Aujourd’hui, deux Parisiens sur 100 personnes s’y promènent », indique Marc-Antoine Jamet, président du Comité Champs-Élysées. Comité qui vient de remettre à la Ville de Paris une étude détaillée pour réenchanter un lieu qui « n’était plus aimé, plus aimable, déserté par les Parisiens et craint par les étrangers ».
Cette contribution à la modernisation de l’avenue des Champs-Élysées ne comporte pas moins de 150 propositions, plus de 400 cartes, 1 800 pages. Elle a mobilisé 183 experts et 30 bureaux d’études. Son objectif ? Faire des Champs un lieu de promenade de nouveau attractif, « réinventer une forme d’urbanisme, rendre ce quartier plus désirable et en faire un lieu durable et inclusif », complète Philippe Chiambaretta, architecte et fondateur de l’agence PCA-STREAM qui a coordonné et piloté cette étude.
Espace piéton
L’espace réservé aux piétons fait partie des préconisations phares de cette étude, en augmentant de 13 % l’espace qui leur est consacré, en réduisant de six à quatre les voies réservées à la circulation, en doublant la largeur des pistes cyclables. Une bande servicielle s’y insérera à l’usage de la logistique et des déposes taxi et bus. L’installation de huit « salons végétaux » tous les 200 m de l’avenue haute, d’une surface de 150 m2 chacun, offriront des assises, de l’ombre en été et une fontaine. Ils créeront en outre des îlots de fraîcheur et de calme pour les visiteurs, notamment les enfants et les personnes âgées.
Changement climatique
L’autre axe important de cette étude vise à adapter l’avenue aux changements climatiques et à accueillir la biodiversité. L’ensemble des mesures proposées tend à réduire l’empreinte carbone de 33 % sur 50 ans et à faire baisser la température moyenne ressentie de 1 à 7°C afin de transformer l’avenue en « refuge climatique » en cas de canicule. L’étude propose pour ce faire d’augmenter de 120 % les surfaces de sols perméables, de planter 160 arbres supplémentaires et d’aménager 1 ha de prairies et massifs. « L’idée est d’augmenter la canopée et donc les îlots de fraîcheur », argumente l’architecte. Par ailleurs, délaissés aujourd’hui, les 20 ha de jardins proches de la Concorde seront destinés à redevenir un parc urbain à part entière, avec des aires de jeu pour enfants, des jeux d’eau et des fontaines, mais aussi des espaces et parcours sportifs.
Parmi les préconisations, cette étude recommande la création d’une gamme de mobilier urbain unifié pour toute l’avenue afin de créer une harmonie. Elle intégrera aussi des barrières de sécurité, éclairages, panneaux de signalétique multilingues, plots et kiosques multiusages…
Faire quartier
La stratégie recommandée par cette étude est de « faire quartier ». « Il faut arrêter de parler d’avenue, mais de quartier », martèle Marc-Antoine Jamet. Et faire quartier passera par la programmation d’une offre culturelle coordonnée par un « manager culturel et artistique », mais aussi par l’implantation d’un marché bihebdomadaire.
La sérénité de la promenade dépendra également de l’attention portée à la sécurité des usages. Ainsi, une vigie santé-sécurité sera installée en permanence, le nombre de patrouilles pédestres et équestres sera augmenté.
Des orientations partagées
Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la maire de Paris, a indiqué que la Ville « partageait les grandes orientations de cette étude et son ambition de faire revenir les Parisiens. » Et d’ajouter : « La maire fera un retour documenté concernant ces très nombreuses propositions inspirantes. Nous allons discuter avec tous les partenaires et notamment la préfecture de police, pour présenter les grands arbitrages d’ici le second semestre 2024. »
Enfin, un dernier chiffre : 250 M€. C’est le coût estimé pour « réenchanter » l’avenue des Champs-Élysées afin d’inscrire la plus belle avenue du monde dans le XXIe siècle. « Il nous semble qu’il ne s’agit pas de coûts, mais d’investissements. Les recettes fiscales supplémentaires (provenant des propriétaires, enseignes et utilisateurs) ont vocation à financer tout ou partie de l’investissement », conclut le président du Comité Champs-Élysées.