À quand un retour à la normale du marché de l’immobilier résidentiel ? Chez les professionnels, on veut croire que 2024 sera l’année où l’on a touché le fond.
Il faut reconnaître que les chiffres confirment l’ampleur du désastre. Dans le neuf, les ventes ont une nouvelle fois reculé l’an passé et se sont même écroulées de 60 % depuis 2021. Seulement 59 000 nouveaux logements ont été mis en vente l’an passé, moitié moins que deux ans auparavant.
Dans l’ancien, les ventes reculent encore de près de 10 %, passant sous la barre des 800 000 transactions. En deux ans, c’est un tiers des ventes qui a disparu.
« C’est une crise qui dure, qui s’est endurcie, qui s’est allongée », a très justement souligné la notaire Élodie Frémont.
Alors, tout le monde a hâte de se projeter dans le monde d’après. Celui de la sortie de crise. Celui du nouveau cycle immobilier.
« Il ne faut pas attendre de miracle cette année », prévient dans nos colonnes Alain Taravella, le président fondateur du groupe Altarea. On devine que le chemin d’un retour à la normale sera long et semé d’embûches que l’on peut résumer avec les trois « i » : Inertie. Inconnu. Irrationalité.
Inertie, c’est celle du marché de l’immobilier. Dans le neuf, les promoteurs doivent d’abord solder le monde d’avant pour pouvoir réamorcer le pipeline. Les plus agiles sont déjà en train de reconstituer l’offre de demain. Mais il faudra du temps pour reconstituer des volumes de production conséquents.
L’inconnu, c’est l’attitude du politique. Il y a peu de chance que le gouvernement soit en mesure de faire passer un grand plan de sauvetage du logement en France. Tout au plus quelques mesures pour booster les marchés, à l’image de l’exonération des droits de succession pour l’achat d’un logement neuf ou de l’extension du dispositif LLI aux particuliers. Sans oublier l’espoir de faire revenir les investisseurs particuliers avec un statut du bailleur privé. Ce sont les élus locaux qui gardent les clés de la reprise du marché, en particulier dans le neuf. Malthus va-t-il s’imposer aux élections municipales de 2026 ?
Le troisième « i », c’est l’irrationalité. Celle que l’administration Trump distille tant sur le plan géopolitique qu’économique. Elle pourrait influer sur la trajectoire de baisse amorcée et annoncée des taux d’intérêt, laquelle demeure l’indicateur clé pour espérer une relance, un rebond, une reprise du marché immobilier.
Une crise, on en sort. Jamais comme on l’a imaginé, nous rappelle Alain Taravella. On va se garder alors de tout pronostic.