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17 mai 2024 | 16:13 CET

Le maillon faible

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La BCE souffle le chaud et le froid sur l’immobilier commercial © garrykillian / Adobe Stock

La Banque centrale européenne (BCE) en rajoute une couche. Dans son traditionnel baromètre de la stabilité financière en Europe, la BCE souffle le chaud et le froid sur l’immobilier commercial.

Le froid, c’est que l’immobilier commercial est devenu le maillon faible du système financier de la zone euro. La BCE s’inquiète des pertes qui menacent d'affecter les banques, les assureurs et les fonds d’investissements. L’institution financière note que la valeur des actifs est restée relativement stable dans les comptes des fonds d’investissements immobiliers non cotés alors que le marché a significativement corrigé, ce qui suggère que les baisses d’évaluation n’ont pas été prises en compte. Le pire serait à venir et le premier risque sera que ces pertes annoncées pourraient déclencher des demandes de remboursement pour les fonds d'investissements immobiliers, mettant à l'épreuve leurs réserves de liquidités. Un peu à l’image de ce qui se passe aux États-Unis où le fonds d’investissement de Starwood est en mal de liquidités à en croire un article du Financial Times.

Le chaud, enfin plutôt le tiède, c’est que la détérioration du marché de l’immobilier commercial ne menace pas le système bancaire européen. Certes, la BCE réitère son inquiétude sur les conséquences de la crise sur le bilan des banques et note une hausse des créances douteuses (Non Performing Loans) depuis 2023. Mais cette dernière est « contenue » et le ratio de NPL est historiquement bas. De plus, le marché s’autorégule avec une diminution de la demande de crédits pour l’immobilier commercial depuis le début de l’année. Enfin, il ne pèse pas si lourd dans les comptes des banques, le crédit à l’immobilier commercial ne représentant que 8 % des prêts accordés au dernier trimestre 2023.

Reste que l’immobilier demeure dans le viseur du superviseur qui craint toujours qu’une crise immobilière dégénère en crise financière. L’histoire économique a prouvé que la contagion est possible. L’une des solutions serait de baisser les taux d’intérêt. Les marchés financiers l’ont largement anticipé. Les banques centrales traînent les pieds, de peur de rallumer l’incendie de l’inflation. Les investisseurs immobiliers, eux, attendent. Combien de temps pourront-ils tenir ? C’est la question que tout le monde se pose.