La France et l'Espagne peuvent compter sur des secteurs hôteliers bien développés et jouissant d'une forte notoriété de marque ainsi que d'offres diversifiées. Dans la deuxième édition de leur baromètre mensuel, Business Immo et STR proposent un regard croisé sur deux géants du tourisme européen dont la rivalité s’exprime de Paris à Madrid, de la Côte d’Azur jusqu’à la Costa del Sol.
« La "rivalité" entre la France et l'Espagne dans le secteur du tourisme et de l'hôtellerie est plus vive que jamais, chaque pays cherchant à affirmer son attrait sur la scène internationale », avance d’emblée Betty Psallida, Account Manager chez STR, ajoutant que « bien que ces deux pays présentent des dynamiques différentes, ils continuent de prospérer dans un paysage touristique en constante évolution ».
Les deux pays attirent chaque année des millions de visiteurs : 94 millions pour Espagne en 2024 et 100 millions pour la France, soutenue il faut le noter par la dynamique olympique. Un chiffre peut-être un peu décevant pour l'Hexagone, mais historique pour son voisin au sud. « L’industrie hôtelière espagnole a franchi une étape exceptionnelle en 2024, portée par une augmentation significative de la demande internationale, avec 94 millions de voyageurs internationaux, soit une hausse de 10 % par rapport à 2023 », souligne à ce titre Elvira Arjona, Account Manager chez STR.
D’ailleurs, si les taux d’occupation enregistrés sur les deux marchés hôteliers étaient virtuellement identiques en 2021, celui de l’Espagne a cru davantage que son compétiteur tricolore pour atteindre 74,6 % en 2024, contre 65,5 % pour la France.
Une analyse des prix moyens permet cependant à la France de revenir au score. Les hôteliers français ont graduellement pris l’ascendant sur leurs collègues ibériques depuis 2021 et enregistré des prix moyens de 185 € par nuit, soit 27 € de plus que les niveaux enregistrés en Espagne.
« Les principales destinations en termes de taux d’occupation sont Malaga (83,9 %) et Valence (81,1 %) », explique Elvira Arjona, ajoutant que « l’Espagne a tiré parti de cette croissance pour augmenter le tarif journalier moyen (ADR) dans tout le pays, avec une augmentation impressionnante de 8,9 % en moyenne ».
Première destination touristique mondiale, Paris s’impose sans surprise comme le plus important marché français avec un RevPAR de 257,19 € en 2024. Pour autant, si les performances enregistrées à Barcelone (146,46 €) et Madrid (129,49 €) sont forcément en dessous de celles affichées par la Ville lumière, les métropoles espagnoles n’ont pas à rougir de leurs taux d’occupation, à 78 % et 75,8 % respectivement, contre 75 % pour la capitale française.
Portée par l’inauguration récente d’une ligne de TGV qui vient accroître son accessibilité, Malaga (133,23 € vs 118,31 € en 2023 ) a par ailleurs enregistré un gain de performance significatif sur la dernière année. « Traditionnellement une porte d'entrée vers les stations balnéaires de la Costa del Sol, Malaga attire désormais des visiteurs fortunés qui choisissent de rester et d'explorer la ville elle-même, ce qui entraîne une vague de développement d'hôtels de luxe, souligne Paula Reinoso, Senior Account Manager chez STR. Cet investissement accru et cette concentration sur le tourisme haut de gamme signifient son émergence en tant que destination de luxe à part entière, grâce à l'amélioration des infrastructures, des attractions culturelles et de la connectivité. »
Après s’être disputé la première place en termes de taux d’occupation et de prix moyen, il n’est pas surprenant de voir la France et l’Espagne terminer l’année 2024 nez à nez en termes de RevPAR, l’Hexagone coiffant son voisin d’un cheveu (120,87 € vs 118,28 €). « La France et l'Espagne continuent de rivaliser en tant que leaders du tourisme en Europe, chacune affichant des performances remarquables dans le secteur de l'hôtellerie », souligne Betty Psallida.
Cette dernière note que la France demeure toujours en tête des destinations mondiales « avec des destinations emblématiques comme Paris et la Côte d'Azur, et mise sur des expériences touristiques immersives et durables attirant des visiteurs en quête de culture et d'authenticité ». Pour autant, elle ajoute également que « l'Espagne capitalise sur son attrait pour le tourisme balnéaire et ses festivals animés avec une augmentation des réservations dans les régions côtières et les îles ».
Si l’on utilisait la profondeur de l’offre pour départager les deux rivaux, l’avantage reviendrait nettement à la France et ses 919 081 clés, contre 641 399 pour son voisin. En revanche, l’Espagne peut se targuer d’un pipeline de développement plus fourni, ses 43 650 clés en projet doublant largement les 19 224 clés en développement dans l’Hexagone.
« Tant l'Espagne que la France entrevoient un avenir prometteur, mais doivent se préparer à affronter les défis communs du surtourisme et des mutations de marchés, conclut Christina Choueifaty, Senior Account Manager chez STR. Une stratégie efficace visant à promouvoir activement la richesse de leur patrimoine culturel, attirer les grands événements, en complément de leur offre balnéaire, pourrait séduire une clientèle variée et surtout encourager une répartition plus équilibrée de la demande sur l'ensemble de leurs territoires. Cette approche permettrait de valoriser la diversité des atouts de chaque région et de mieux gérer les flux touristiques. »