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13 septembre 2024 | 17:21 CET

« Aide-toi, le ciel ne t’aidera pas »

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Gaël Thomas et Alain Taravella lors du dernier BIG UP (Fernanda Peruzzo / CoStar)

« Ce n’est pas une crise immobilière, c’est une crise du logement ». Alain Taravella a le verbe rare, mais le verbe juste.

Invité à s’exprimer lors du dernier BIG UP sur sa vision de la ville de demain pour les jeunes, le président fondateur du groupe Altarea n’aura parlé quasiment que de l’accès au logement à une génération Z qui veut très majoritairement devenir propriétaire. « Notre devoir avant de parler de balcons, d’espaces partagés, de biodiversité, c’est de répondre aux besoins des Français, et plus spécifiquement des jeunes en matière de logement. »

Le constat est amer. Si 77 % des jeunes de 18 à 30 ans aspirent à devenir propriétaires de leur logement dans les cinq prochaines années, selon un sondage Ipsos-Digital-Business Immo, assez peu d’entre eux auront la capacité de se le payer.

La faute à des taux d’intérêt qui ont significativement renchéri le coût du crédit, à des prix qui n’ont pas suffisamment corrigé pour compenser la baisse drastique du pouvoir d’achat, et aussi à une offre qui n’est plus en phase avec l’évolution de la demande sur les plans quantitatif comme qualitatif.

La ville de demain doit intégrer des logements que les jeunes peuvent se payer. Pour ce faire, Alain Taravella appelle tous les acteurs de la filière à la mobilisation. « Loger les jeunes dans des appartements qu’ils veulent, c’est possible. C’est nous tous qui bloquons. Tout le monde est égoïste. Il faut collectivement que nous nous mobilisions tous pour porter une vision commune en faveur de l’intérêt général : celui de loger les Français. »

Le « nous » intègre les 36 000 ministres du Logement que sont les maires, englobe les SEM d’aménagement, embarque les architectes et n’épargne pas les promoteurs eux-mêmes.

Plus qu’un mea-culpa, il s’agit de trouver des solutions pour redonner du pouvoir d’achat aux candidats à l’accession, à commencer par les primo-accédants, sans attendre un improbable retour à zéro des taux d’intérêt, sans espérer un effondrement des prix qui n’a pas et n’aura pas lieu, ou un énième dispositif fiscal.

Ces solutions passent par de nouveaux schémas financiers pour accéder à la propriété, depuis le leasing immobilier tel que l’a présenté à BIG UP la start-up Sezame, jusqu’à de nouvelles formules commerciales comme l’offre Access, développée par Altarea, qui propose de devenir propriétaire pour le prix d’un loyer. Elles vont aussi redessiner la morphologie des logements vers une compacité qui permet au plus grand nombre de se loger décemment.

Le grand absent de ces solutions pour résoudre la crise du logement, c’est l’exécutif. Alain Taravella n’attend plus grand-chose du politique. « Aide-toi, le ciel ne t’aidera pas ».