Impossible de résumer en quelques lignes les conclusions de la vaste étude « Réenchanter les Champs-Élysées » lancée en 2018 et présentée cette semaine au Tout-Paris.
Le défi de vouloir transformer en profondeur cette avenue qui s’étale de l’Étoile à la Concorde peut sembler assez présomptueux, mais il se tente. Les Champs-Élysées demeurent une vitrine de Paris et, par extension dans ce pays jacobin, de la France. Une vitrine qui témoigne de l’évolution de notre société. Une vitrine qui connaît ses hauts et ses bas, ses rideaux fermés comme ses batailles homériques pour arracher une adresse. Une vitrine que les uns abhorrent, que d’autres adorent, et que beaucoup de Parisiens ignorent.
Comme toute vitrine, elle a besoin d’être ordonnée. Mais cette étude voulue par le Comité des Champs-Élysées et réalisée par l’architecte Philippe Chiambaretta va beaucoup plus loin qu’un simple toilettage urbain. Elle pose quelques idées fortes qui font florès dans la ville de demain.
L’expérience. Qui se vit ici à l’échelle du piéton pour lequel on propose d’élargir l’espace vital au détriment de l’automobiliste relégué de six à quatre voies.
Le design. Qui se conçoit dans une signature harmonieuse et homogène du mobilier urbain, à l’instar de ce qui avait été fait dans le Paris de la Belle Époque avec les fontaines Wallace, les bancs Davioud, les colonnes Morris…
Les usages. Qui se déclinent notamment dans une programmation culturelle, événementielle, artistique.
La biodiversité. Qui passe du « nice to have » au « must have », avec toute la difficulté de s’affranchir du greenwashing dans lequel ont versé tant d’acteurs urbains et immobiliers.
L’activité. Qui propose de tester grandeur nature ce que pourrait être cette organisation logistique du dernier kilomètre, du dernier décimètre, sur laquelle tout un chacun tâtonne.
Ce qui est peut-être le plus intéressant dans cette étude, c’est la méthode. Une co-construction public-privé (plutôt privé-public d’ailleurs) qui prétend s’affranchir des intérêts sectoriels. Une démarche inédite de consultation publique avec l’implication de 97 000 citoyens qui ont réagi aux propositions du comité et exprimé les leurs. On dépasse ainsi les petits arrangements avec des riverains soucieux qu’on ne touche pas à leur quartier ou avec des officines politiciennes transformées en pseudo-associations de défense de l’environnement.
Les Champs-Élysées, ce n’est plus l’attrape-touriste, mais le laboratoire de la ville de demain. À voir la liste des partenaires du projet, on comprend que les enjeux dépassent le seul volet urbanistique.