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21 juin 2024 | 14:38 CET

L’âge de glace

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Les milieux financiers ont une sainte horreur de l’inconnu... (AdobeStock)

« Dans le doute, abstiens-toi ». Il semble que les marchés immobiliers prennent cette maxime au pied de la lettre. Les investisseurs ont levé le stylo sur leurs projets en attendant de voir ce qui va sortir des urnes au soir du 7 juillet. Pour ceux dont les opérations étaient déjà engagées, au contraire, il s’agit d’accélérer pour tout boucler avant le second tour des législatives. On ne sait jamais.

Les milieux financiers ont une sainte horreur de l’inconnu, mais le monde économique craint surtout un retour à l’âge de pierre à la faveur de la victoire de l’un des blocs extrêmes. Entre un programme résolument antiéconomique du Nouveau Front populaire et une politique économique floue, voire même inconséquente, proposée par le Rassemblement national.

Chose assez rare, l’Association française des entreprises privées (Afep), qui réunit les grandes entreprises (12 % des emplois, 15 % du PIB, 20 % des prélèvements obligatoires), s’inquiète d’un risque majeur de « décrochage durable » de l’économie française. Le Medef a embrayé en faisant passer un grand oral aux trois blocs en lice, sifflant à gauche, faisant la moue à droite, applaudissant timidement au centre. L’attractivité économique de la France, et par ricochet son modèle social, est en jeu.

Comme le rappelle Stéphane Theuriau (BC Partners) dans nos colonnes, l’incertitude politique ne pourra qu’être délétère pour l’immobilier. Le secteur, à l’instar de nombreux pans de l’économie française, n’a rien à envier aux dix plaies d’Égypte. Après les Gilets jaunes, le Covid (en deux épisodes), la guerre en Ukraine, l’inflation, la hausse brutale des taux d’intérêt, voici maintenant un nouveau choc exogène avec l’aléa politique.

Pour l’immobilier, une industrie aussi capitalistique qui s’inscrit dans le temps long et nécessite de la confiance, l’exercice devient de plus en plus périlleux. Et pourtant, il est vital. Vital pour réimplanter les entreprises et prétendre à une société du plein emploi. Vital pour assurer tout ou partie des retraites, quel que soit l’âge légal du départ retenu. Vital pour donner un toit à tous, à commencer par les jeunes, dont l’exécutif a fait un mea culpa un peu tardif. L’immobilier ne peut plus se résumer à la rente. Il est au cœur de notre projet de société.

« Refaisons de la ville un objet politique, parce que la ville, c’est la base de la démocratie », souligne le sociologue Jean Viard dans un entretien à la revue Mermoz du Cercle des économistes – « Le toit nous tombe-t-il sur la tête ? » consacré à la crise du logement. Qui pourrait lui donner tort ?