Tous les trois mois, Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), livre son analyse du marché du logement neuf. Tous les trois mois, « hélas », il répète inlassablement le même discours, tel un « oiseau de mauvais augure », selon ses mots. Et pour cause : « Cela s’éteint de tous les côtés, aussi bien en termes d’offre que de demande. C’est triste. »
Les chiffres du T1 2024 dévoilés ce matin aux observateurs du secteur ne font que confirmer ses dires. Dans le désordre : une baisse des permis délivrés par les collectivités pour construire des logements collectifs (-7,6 %,à 40 600) ; seulement 11 656 logements mis en vente entre le 1er janvier et le 31 mars (-41,2 %) – « du jamais vu ! », regrette-t-il – ; des réservations totales en diminution de 15,4 %, à 19 135 lots ; des délais d’écoulement encore allongés, à 22,2 mois en moyenne.
Bref, aucune éclaircie à l’horizon, même si les ventes en bloc augmentent de 29,4 % (6 038 logements) en raison du programme de rachat de CDC Habitat et Action logement, « ce qui ne compense pas la chute des ventes aux particuliers (-26,8 %, à 12 197 logements) », observe le président de la FPI France, qui précise : « La crise nourrit la crise. Le jour où nous devrons reconstituer l’offre, nous n’aurons plus de main-d’œuvre. Le gouvernement est en train de tuer un métier. » Pascal Boulanger fait ici allusion aux nombreux PSE enregistrés, dont la liste pourrait s’allonger dans les prochains mois, selon lui.
« Compte tenu de la disparition progressive de l’offre, tout retour de la demande sera tué dans l’œuf, faute de logements adéquats aux besoins des ménages. L’avenir risque d’être encore plus sombre qu’il ne l’est actuellement », souffle l’intéressé, qui insiste : « Il faut d’abord relancer la demande pour ensuite relancer l’offre et non l’inverse comme l’État souhaite le faire. »
S’il loue les efforts du ministre du Logement, Guillaume Kasbarian – « il fait tout pour nous aider » –, il regrette l’attentisme observé « dès que cela monte dans les étages ». « Est-ce du déni, de la désinvolture, du cynisme ? Les Français jugeront », souffle Pascal Boulanger, avant de promettre : « Nous ne démarrerons pas septembre sans avoir réagi ! »