Le temps était le sujet de prédilection des festivaliers de ce Mipim. Les augures ont vu dans les averses de pluie cannoise une illustration de l’état du marché immobilier. D’autres ont préféré lire dans les rares éclaircies une lueur d’espoir pour leur activité, leur segment d’actifs, leur localisation.
Plus sérieusement, le temps est une question clé dans la vie des affaires. Il y a le temps court, celui de la conjoncture. Il y a le temps long, celui des grandes tendances.
Franchement, la météo reste encore mauvaise pour l’immobilier. Et la phrase la plus entendue dans les allées du Mipim aura été : « On a touché le fond de la piscine. » Pas un n’a osé s’avancer pour savoir quand il sortirait la tête de l’eau.
Sur le temps long, Nicolas Namias, le président du directoire de groupe BPCE, a livré une analyse assez juste de la situation que traverse l’industrie immobilière. Et qui mieux que quelqu’un qui n’a pas le nez dans le guidon pour relever les tendances d’un secteur ?
Pour le patron de la BPCE, les évolutions structurelles vont surpasser cette conjoncture. Nicolas Namias, qui a profité du Mipim pour annoncer le lancement d’une véritable ligne de métiers dédié au logement et à l’immobilier, en a dégagé trois grandes.
D’abord, de nouvelles évolutions sociétales, comportementales, de nouveaux usages qui nécessitent d’adapter l’offre immobilière, y compris dans la morphologie des immeubles. Il faudra, par exemple, produire des logements plus compacts pour répondre à une demande croissante de familles mono-parentales.
Ensuite, un nouveau paradigme financier avec des taux d’intérêt durablement élevés. « On sort d’une période de subvention monétaire du secteur immobilier », a insisté Nicolas Namias. La parenthèse enchantée des taux directeurs à zéro, voire négatifs, semble définitivement fermée. Traduction : il faudra adapter les valeurs à ce nouveau contexte, qui peut être douloureux quand on voit le taux français à 10 ans toucher un nouveau record à 3,60 %.
Enfin, dernière conviction du patron de la BPCE, l’immobilier qui est toujours en dialogue étroit avec les politiques publiques, qui est même contributeur net aux finances de l’État et des collectivités locales, ne pourra plus reposer sur la dépense publique. Autrement dit, la course à une énième carotte fiscale est vaine. En échange, l’État serait avisé de simplifier le chemin plutôt que de sortir le bâton.
Il est là, le chantier des futurs gouvernements. Simplifier les normes, pérenniser le cadre législatif et réglementaire, et peut-être (un jour) faire confiance aux acteurs pluriels de la fabrique de la ville, qu’ils soient publics ou privés.