1 200 €/m². Le loyer « prime » du bureau parisien vient de signer un nouveau record. On le doit à la banque d’affaires Evercore qui signe un Befa sur l’immeuble du 90 rue de Courcelles, un petit hôtel particulier d’environ 2 000 m² entièrement restructuré par Trustone sous le crayon de Wilmotte & Associés.
Ce record confirme la prime à la centralité observée depuis quelques années maintenant dans la demande des entreprises. Il rassure sur la capacité de certains locataires à payer des loyers conséquents. Il creuse aussi un peu plus le fossé entre un marché tertiaire haut de gamme, voire du luxe, circonscrit à l’intérieur du château fort parisien, et celui du tout-venant rejeté à l’extérieur des fortifications, pardon, du Périphérique.
Jamais le marché de bureau francilien n’aura été autant polarisé. Une récente étude du conseil Colliers nous apprend que le loyer « prime » a encore progressé au 3e trimestre pour atteindre 1030 €/m² (HT, HC) dans le quartier central des affaires. Celui des immeubles de première main, c’est-à-dire neufs ou restructurés, y culmine à 930 €/m², marquant une progression inédite de 38 % depuis fin 2019.
La question qui se pose maintenant est de savoir si ce fossé entre un bureau désiré et un bureau délaissé va se creuser ou se combler.
D’un côté, l’adoption imminente du nouveau PLU de la Ville de Paris avec son pastillage redouté des investisseurs pourrait, à très court terme, renforcer la raréfaction de l’offre sur les quartiers les plus recherchés par les entreprises. À court terme, il favorisera la rente et poussera les loyers à la hausse dans un marché où la vacance est minime. À plus long terme se profile le risque d’une dégradation, lente mais inexorable, d’un parc tertiaire où plus un propriétaire ne prendra le risque administratif de rénover son actif. Il ne faudrait pas que, passé minuit, le carrosse devienne citrouille.
D’autant que le ralentissement économique qui se profile à l’horizon va inévitablement impacter les marges de manœuvre des entreprises à l’heure où nombre d’entre elles caressent le doux espoir de faire revenir leurs salariés au bureau. N’oublions pas que l’immobilier est le deuxième poste de coûts.
La nature économique ayant horreur du vide, on peut déjà observer un glissement progressif de la demande vers des localisations plus périphériques où l’on trouve à foison des immeubles neufs, flexibles, verts, accessibles, et surtout deux à trois fois moins chers.
Le bureau en périphérie aurait-il mangé son pain noir ? Ce serait prématuré de l’affirmer, mais peut-être qu’il est l’heure de miser sur des destinations un peu plus exotiques que le 8e arrondissement de Paris.