Manufacture d’Allumettes d’Aubervilliers, foyer d’histoire ravivé


« De même que le diable se cache dans les détails, parfois le charme s’y trouve aussi », c’est par ces mots qu’Hervé de Vriendt se plaît à évoquer la rénovation mise en œuvre à la Manufacture d’Allumettes d’Aubervilliers. 
Tout part d’un amour de l’art et des vieilles pierres, que le président de Sirius a su conjuguer avec son métier de promoteur-développeur. Notamment à travers la réhabilitation du patrimoine industriel. La Manufacture d’Allumettes d’Aubervilliers, construite en 1902 et désertée 60 ans plus tard avant d’être reprise par la Documentation française, était donc l’endroit rêvé pour l’homme capable de s’y projeter. « Ce n’est pas parce qu’un immeuble est ancien qu’il est judicieux ou pertinent de le transformer. Il faut avoir une vision lorsque l’on s’intéresse à lui. Après, c’est un choix très subjectif. Mais une fois qu’il est fait, il faut l’assumer jusqu’au bout, et c’est compliqué quelques fois. Ce type d’immobilier consomme énormément de temps, les budgets sont relativement aléatoires… il faut donc profondément y croire », commente le dirigeant.
 Seule l’imposante cheminée, protégée au titre des monuments historiques, trône encore tel l’emblème de son activité passée. Pour autant, Sirius et David Mousse, l’architecte en charge du projet, se sont attachés à en conserver l’âme. Jusque dans les moindres détails. « Sur le site, nous avons pu récupérer quelques boîtes à eau portant le monogramme « MAA » donc, pour les généraliser, nous en avons fait mouler d’autres par un artisan. Nous avons aussi été amenés à démonter et récupérer des briques anciennes sur des murs non visibles pour combler harmonieusement les trous des murs principaux », relate Hervé de Vriendt. Mais la plus grande difficulté a été d’adapter l’édifice aux besoins de son utilisateur actuel, l’Institut national du patrimoine, formant les restaurateurs des musées et sites du patrimoine français. « L’INP a besoin d’environnements où la température et l’hydrométrie doivent être extrêmement bien contrôlées. Ce fut donc un challenge, d’une part de maîtriser tous ces éléments dans un immeuble ancien, et d’autre part, de cacher toute la machinerie pour ne pas qu’elle perturbe l’équilibre architectural et décoratif de l’ensemble », souligne le président de Sirius. Défi relevé avec succès. Et bien qu’il concède, à demi-mots, qu’un tel projet ne peut pas être guidé par la rentabilité, il n’en est que plus fier. « Une rénovation comme celle-ci, c’est avant tout une part de notre identité, une grande part de notre fierté et c’est l’affaire de tous, car chacun apporte sa propre sensibilité et créativité. C’est ce qui fait qu’un objet comme celui-là est très fédérateur au niveau de l’entreprise », conclut-il.