Si l’on cherche une explication au peu d’engouement des investisseurs pour l’immobilier, il suffit de regarder sa performance globale ces dernières années. Depuis cinq ans et le pic de 2019, l’immobilier en France affiche une performance assez décevante, à l’exception notable de la logistique (+6,2 %), nous révèle une étude de l’Institut de l’épargne immobilière et foncière (IEIF).
Covid, guerre, inflation, remontée brutale des taux d’intérêt… cela ressemble aux sept plaies d’Égypte. Il valait mieux placer ses économies dans l’or que dans la pierre.
Comme le souligne assez justement la directrice générale déléguée de l’IEIF, Stéphanie Galiègue, l’immobilier est entré dans cette phase de correction avec quelque temps de retard. Tout particulièrement en France. Seules les foncières cotées ont fait le boulot et le payent avec un rendement négatif de -7,3 % sur les cinq dernières années. Ce qui leur vaut le bonnet d’âne.
Mais les performances passées ne préjugent pas des performances futures. Alors, on peut légitimement se poser la question de savoir si l’immobilier n’a pas mangé son pain noir.
C’est un peu le pari de l’équipe Research d’AEW qui, dans ses perspectives à mi-2025, annonce une reprise en « bonne voie » de la performance de l’immobilier à l’échelle européenne sur les cinq prochaines années. Et ce, malgré les tarifs douaniers annoncés par l’administration Trump qui pèsent un peu sur la performance globale, mais pas tant que cela.
La projection des rendements « prime » en Europe est réévaluée à 8,1 % par an dans le scénario central du gestionnaire d’actifs. Scénario central qui prend en compte une augmentation de 10 % des taxes douanières.
Toujours dans ce scénario, c’est le Royaume-Uni qui profiterait le plus et surperformerait avec un total return prévisionnel de +9,8 % par an. Et… le bureau « prime » avec une performance globale attendue à +9,5 %. C’est ce qui pourrait expliquer ce regain d’intérêt pour une classe d’actifs que d’aucuns ont déjà enterrée.
En France, après un 1er trimestre passable avec 1,4 Md€ investis dans le bureau, on pourrait assister à un rebond dès cette année. Arthur Loyd évoque quelque 5 Mds€ de bureaux franciliens en phase de marketing, sous exclusivité ou sous promesse, avec des tailles unitaires supérieures à 200 M€. Dont les 700 M€ de Paris Trocadéro qui, si la vente se concrétisait, marquerait un retour de la liquidité sur cette classe d’actifs.
Attention, on parle bien de bureau « prime ». Pas celui en périphérie dont on entend pis que pendre.
Attention également. Il s’agit d’un scénario central. Le pessimiste vient rogner un peu les rendements futurs de l’immobilier, mais confirme la résilience du secteur. Celui dont on ne parle pas, c’est celui qui varie au gré des annonces de Donald Trump. Un scénario « casino » en quelque sorte, qui n’inquiète pas que les investisseurs dans l’immobilier.