Et si l’État prenait enfin la main sur son immobilier ? Thomas Cazenave relance l’idée d’une foncière pour assurer la gestion de l’immobilier public. Un patrimoine conséquent de 96 millions de m², dont 23 millions de m² de bureaux, valorisé 73 Mds€.
Le député de la Gironde vient de déposer un amendement dans ce sens. Ce qu’il n’avait pas eu le temps d’instaurer pendant son court mandat à Bercy, il tente de le faire passer par la voie parlementaire.
L’objectif est simple. Cette foncière, propriétaire du patrimoine immobilier de l’État, sera chargée de le gérer, de l’entretenir, de le rénover, de le valoriser et de le mettre à disposition des services de l’État ou de ses opérateurs. Tout cela, évidemment, en contrepartie du paiement d’un loyer.
L’idée n’est pas neuve. De nombreux professionnels immobiliers ont plaidé pour la création d’une foncière publique. Les politiques ont plus ou moins essayé de le faire. Dès 2006, en commençant à faire payer les ministères.
Elle fait florès partout ailleurs dans le monde, avec un certain succès visiblement. Elle a même fait ses preuves en France chez certains opérateurs publics, à l’image de La Poste ou encore de la SNCF.
Les enjeux sont énormes. Il s’agit pour l’État – comme pour tout utilisateur – de rationaliser son outil immobilier et de le moderniser.
Le rationaliser, cela passera par une réduction de 25 % de la surface de bureaux utilisés d’ici 2032.
Pour le moderniser, il faudra verdir et décarboner les actifs. Le coût de cette transition écologique est estimé à 140 Mds€ d’ici 2050 si l’on veut respecter les réglementations en vigueur. Face à ce mur d’investissement, il va falloir trouver des marges de manœuvre que le budget n’autorise plus.
Derrière les défis, il faut y voir aussi une opportunité. Une foncière publique pourrait être le réceptacle des retraites, si l’on veut bien flécher une partie de l’épargne des Français vers ce véhicule. Cela en ferait un solide fonds de pension.
Cette idée, si elle persiste, marquerait un changement d’état d’esprit. Celui que l’immobilier n’est pas qu’une rente, mais un outil et un actif qu’il faut travailler au quotidien pour en cristalliser toute la valeur. Toutes les valeurs.
Petit flash-back. Nous sommes en 2005. Dans une interview accordée aux Échos, le président d’Atisreal (BNP Paribas Real Estate aujourd’hui), un certain Alain Béchade, voyait trois bonnes raisons de faire une foncière d’État.
1. Désendetter la France par le biais d’externalisations immobilières.
2. Introduire la notion de rentabilité de l’espace utilisé par les services de l’État dans une recherche d’économies et de fonctionnement.
3. Régler le paiement des pensions de retraite.
« Une foncière peut réconcilier ces trois éléments », affirmait-il.
Vingt ans après, les problèmes sont les mêmes. Les solutions aussi.