« Ils n’écoutent même pas », « On parle à un mur ». Le président du Medef, Patrick Martin, a poussé un coup de gueule dans la foulée de celui de Bernard Arnault, qui s’inquiétait des conséquences de l’inflation des impôts sur les entreprises en général, et du projet de surtaxe sur les grandes sociétés en particulier.
Le président du groupe LVMH évoque une taxation du « made in France » qui passe mal auprès des entreprises, à l’heure où l’on ambitionne de réindustrialiser la France. Un tout récent sondage révèle que neuf patrons français sur dix excluent toute relocalisation en raison des trop forts coûts de production, de l’instabilité fiscale et d’un trop-plein de normes.
Ce mur, les acteurs de l’immobilier l’ont pris en pleine face depuis belle lurette. Tous les porteurs de projets, quelle que soit la catégorie d’actifs, pâtissent d’une complexification inouïe, d’un manque d’écoute et d’une défiance grandissante.
Les promoteurs de logements ont été lâchés en rase campagne entre un exécutif sourd aux besoins des citoyens de se loger et par des élus locaux, dont certains osent même faire de l’acte de ne pas construire un argument de campagne électorale.
Ceux qui essayent de transformer des actifs obsolètes – par exemple du bureau – en un autre usage – par exemple du logement – ont de quoi se décourager face au maquis réglementaire qui les attend.
D’autres, qui ambitionnent de porter des projets industriels, doivent s’armer de patience que leurs clients n’ont plus forcément.
On comprend mieux dans ces conditions ubuesques le décrochage économique inexorable de l’Europe par rapport aux États-Unis. Et cela se ressent dans la performance du sous-jacent immobilier. Lors de la matinée prospective de l’IEIF, Béatrice Guedj et Pierre Schoeffler ont montré une statistique édifiante : une surperformance de 25 % de l’immobilier coté américain par rapport à l’Europe. C’est peu ou prou le différentiel de productivité entre les États-Unis et la zone euro.
Le week-end dernier, Fabrice Allouche, président de CBRE France, publiait un petit billet d’humeur sur LinkedIn, s’inquiétant de la dégringolade de l’attractivité de la France au sein de l’Europe, citant Ubu Roi : « J’ai l’honneur de vous annoncer que pour enrichir le royaume, je vais faire périr tous les Nobles et prendre leurs biens. » Je suis curieux de savoir ce qu’en pensent certains bouffons de la République.