« Le rebond du chat mort.» L’expression est bien connue des milieux boursiers. Elle fait référence à une reprise temporaire dans un marché baissier qui précède la poursuite de la tendance baissière. Cet adage pourrait-il s’appliquer aux marchés immobiliers ?
La baisse des valeurs a été violente partout en Europe et sur toutes les typologies d’actifs. Le prix à payer pour se réajuster à l’explosion de 450 points de base des taux d’intérêt depuis la mi-2022. Pour un vrai rebond, il faudrait faire le chemin inverse. Les observateurs les plus optimistes (ou les plus avisés) anticipent une baisse des taux directeurs de 200 points de base entre leur point haut du printemps 2024 et leur atterrissage fin 2025.
Clairement, cela ne va pas suffire. D’autant qu’à cette crise financière sont venues se greffer une crise production et une crise des usages. Pour autant, un décideur immobilier sur deux se montre confiant dans l’amélioration de l’environnement des marchés selon la dernière enquête « Emerging Trends in Real Estate » d’ULI et PwC.
Les bases d’un nouveau cycle immobilier sont posées. Mais si rebond il y a, il pourrait bien ne pas passer par la France. Enfin, pas tout de suite. La dissolution de l’Assemblée nationale et le maelström politique qui s’en suit sont venus sécher une reprise en pente douce de la plupart des marchés immobiliers à la faveur de la détente des taux.
L’épée de Damoclès permanente sur le pouvoir exécutif, les inepties parlementaires, la perspective des élections municipales dégradent l’attractivité de la France et viennent obscurcir la visibilité des investisseurs. Autant de raisons de procrastiner ou d’aller placer ses liquidités de l’autre côté des frontières.
Aussi, quand on croise les professionnels, la prudence a pris le pas sur l’optimisme. C’est même un certain fatalisme qui vient immédiatement obscurcir un volontarisme affirmé.
Le rebond, on le repousse volontiers de mois en mois. Pour la fin de l’année 2025, peut-être. Pour 2026, sûrement. Chat échaudé craint l’eau froide, nous dit un autre adage.